NICE-MATIN : LA REPRISE MASQUERAIT UNE OPERATION IMMOBILIERE

CPM06 6 octobre 2014 0

nm_cadreLe 21 octobre prochain le sort de Nice-Matin sera scellé. Le quotidien sera cédé par le tribunal de commerce de Nice à l’un de ces cinq repreneurs : le groupe Rossel, La Provence représentant le groupe Bernard Tapie, Ghosn Capital, Xavier Ellie et la SCOP.

À l’heure où nous écrivons, 6 octobre, une Assemblée générale du personnel devait examiner les offres de reprise. La situation demeurait confuse.
À quelques jours de l’échéance, le projet de reprise des salariés, la SCOP (société coopérative et participative), tardait à se concrétiser. Les salariés devaient trouver une nouvelle solution de financement après que l’accord avec Bernard Tapie ait volé en éclat à la mi-septembre.
Le projet de SCOP du personnel de Nice-Matin est parvenu à garantir 170 départs volontaires dès cette année, financés dans le cadre d’un PSE, et 50 départs supplémentaires au cours des deux prochaines années. Cependant, d’après les syndicats, le financement de la SCOP était encore très compliqué, mais n’était pas perdu.
Deux repreneurs potentiels semblaient bien placés pour convaincre le tribunal de commerce en affichant une surface financière garantissant l’avenir de Nice-Matin : le groupe Rossel annonce vouloir investir 50 millions en quatre ou cinq ans, La Provence de Bernard Tapie une trentaine de millions.  
Cette surface financière ne rassure pas le personnel qui redoute  une vague de licenciements : le groupe Rossel annonce 450 licenciements secs sur les 1100 salariés du groupe Nice-matin, et La Provence 300 contrats non repris.
Concernant la rédaction, les deux repreneurs ont clairement annoncé vouloir se débarrasser des plus anciens sans avoir à payer des clauses de cession. Le règlement judiciaire le leur permet en partie.
La question se pose de savoir pour quelles raisons des groupes puissants s’efforcent de reprendre une entreprise de presse en grande difficulté dans un contexte économique très tendu.
« L’entreprise se situe dans une zone promise à un essor considérable au cours des dix prochaines années », souligne André Fournon, secrétaire général de la rédaction de Nice-Matin.
« Notre terrain qui est toujours la propriété de Nice-Matin (grâce à la mobilisation des salariés qui se sont opposés à la volonté de Philippe Hersant de le vendre) se situe en effet à l’entrée de l’Eco Vallée, là où doit se développer le projet d’aménagement urbain Nice Méridia. Des centaines de milliers de mètres carrés de bureaux, d’habitation et de locaux commerciaux ou industriels non polluants y seront en effet construits.
Le repreneur est assuré de gagner entre 5 et 10 fois la mise de départ. Bernard Tapie le sait depuis longtemps qui, derrière son association avec Philippe Hersant, portait déjà un très important projet d’aménagement foncier sur le site de Nice-Matin. Rien de surprenant non plus si le groupe Rossel s’est associé au groupe Marzocco, un très important promoteur immobilier monégasque, et à l’homme d’affaires libanais Iskandar Safa. Ils se gardent bien de dire que reprendre Nice-Matin est en fait une pépite, une excellente affaire qui rapportera beaucoup plus en vente de mètres carrés immobilier qu’en vente de journaux. Ils tentent même de nous faire croire que pour « sauver » Nice-Matin, ils font de gros sacrifices. »
Notons que Rossel s’engagerait à ne pas toucher au foncier pendant au moins 5 ans. On saura assez rapidement, si, comme le soutient notre confrère, la reprise de Nice-Matin masque en partie une future opération immobilière.

Paul Barelli

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