LE BILLET DE PAUL BARELLI – Les héros du quotidien : des raisons d’espérer

CPM06 15 juillet 2025 0

L’humilité et l’empathie. Ils préfèrent rester dans l’anonymat. La plupart des « héros du quotidien » refusent d’être qualifiés comme tels. Sapeurs-pompiers, policiers, soignants, enseignants, simples citoyens, voisins ont été  mis à l’honneur en ce 14 juillet. Tous ces discrets anonymes méritent que chacun d’entre nous s’interroge sur la solidarité que traduisent ces actes de courage. 

« Je ne veux pas d’une médaille. C’est ce que je me suis dis pendant toutes  ces années. Et puis les décorations c’est fait pour les héros. Moi, Je n’ai rien fait d’héroïque ! confie à Nice-Matin Gilles Gambéri. Ce retraité septuagénaire est un rescapé de l’attentat le 14 juillet 2016 sur la Promenade des anglais.

22h34. il y a neuf ans. Un « camion fou » conduit par un terroriste déferle  sur la foule, massacre 86 personnes, fait des centaines de blessés. « Le camion est passé à deux mètres de moi. Deux mètres et j’étais sous les roues, soupire Gilles qui a cru d’abord à un accident et que le conducteur avait fait un malaise.

« J’ai couru derrière le camion qui venait de s’arrêter. Il fallait l’empêcher de repartir, couper le contact. J’ai bondi sur le marche-pied », dit-il.Le terroriste braque un pistolet sur le septuagénaire qui tente de s’emparer de son arme : « J’ai appuyé de toutes mes forces pour le désarmer. Il allait m’abattre quand j’ai sauté à terre. »

Une douleur indicible

Le récit exemplaire de cette intervention s’apparente pour les rescapés à une sorte de devoir de mémoire. Philippe Murris et son épouse Anne qui ont perdu leur fille Camille luttent au sein de l’association Mémorial des Anges afin que le dossier sur  la sécurisation de la Promenade des Anglais avance. La plupart des familles des victimes ont le sentiment d’être « oubliées » par les autorités.

En revanche, la reconnaissance à l’égard des héros du quotidien a été saluée, comme il se doit, dans la plupart des régions. En particulier celles  où les sapeurs- pompiers sont très exposés aux risques. Personne n’oubliera cet acte d’une incroyable bravoure. Ce vendredi 4 juillet, un incendie s’est déclaré au deuxième étage d’un immeuble situé dans le 18e arrondissement de Paris. Très vite, les flammes montent. Au sixième étage, une famille de six personnes est prise au piège. N’écoutant que son courage, leur voisin décide alors de les aider,  Fousseynou n’hésite pas une seconde.

« J’ai commencé par prendre le premier enfant, le petit bébé. Il aurait pu tomber de mes bras. J’étais obligé d’y aller. Ce qui m’a le plus mis dans cette situation, ce sont les bébés, il y avait deux nourrissons. Le corps nous guide, on se dit qu’il faut y aller », confie Fousseynou qui a suivi son instinct au péril de sa vie. Avec un étonnant sang-froid, il passe par la fenêtre et avance sur le rebord.

Perché sur une corniche à plusieurs dizaines de métres, il  parvient à sauver les deux nourrissons. Il a été décoré le 14 juillet.

Nombreux sont les héros du quotidien qui ne sont pas décorés. C’est regrettable. Cependant leur courage est porteur d’espoir. Au fil d’une actualité tragique, de discrets héros anonymes agissent.

Je me souviens de la bienveillance de deux équipages de police secours. Un ami s’était donné la mort. Les policiers ont été fort humains face à ce drame. Je tiens à leur rendre hommage. Il  n’est jamais trop tard…

Paul Barelli Vice pdt du CPM06, ex-correspondant du Monde dans les Alpes-Maritimes.

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