Thierry Wolton, invité du Club de la Presse

CPM06 15 janvier 2016 0

« Les islamistes sont les marxistes – léninistes de notre époque ! »

Auteur d’ « Une histoire mondiale du communisme  » Thierry Wolton voit des ressemblances de forme entre ces idéologies. Le journaliste historien était l’invité exceptionnel du Club de la Presse 06.

Thierry Wolton, journaliste-historien, s’est livré avec fougue et humour au jeu des questions lors d’un déjeuner débat à Nice le 13 janvier.
Invité du Club de la Presse Méditerranée 06 à propos de son « Histoire mondiale du communisme » paru chez Grasset.


Cet ancien journaliste au Point et à Libération a passé dix ans de sa vie à rédiger cette œuvre monumentale : deux mille deux cent soixante-douze pages en deux volumes : « Les bourreaux », « Les victimes » ; le troisième à paraître s’intitulant « Les complices – l’impossible retour », paraitra en octobre 2017.

Spécialiste des services de renseignements, Thierry Wolton a déjà consacré plus d’une dizaine d’ouvrages à l’ex-URSS et à l’influence soviétique en France.
Il s’est  fixé pour ambition de raconter l’histoire, assurant :  » Je veux que les gens soient emportés par le récit »

Mission accomplie : le style est vif, ces volumes énormes se lisent comme un roman. D’emblée, Thierry Wolton relie son sujet à l’actualité. Il établit des ressemblances de forme entre le communisme et l’islamisme radical :

« Dans une certaine mesure l’islamisme est une idéologie globale. Cette prétention universelle de tout gérer – comment on doit être, qui aimer, qui manger et la même haine, renforcée par la haine et volonté de déstabiliser tout ce qui relève des valeurs occidentales sont présentes dans les deux idéologies. Il y a des ressemblances de forme chez ces « excités. » Sur ce plan, les islamistes sont les marxistes –léninistes de notre époque mais, soyons clair, la ressemblance s’arrête là. »

Présent à ce débat, le professeur Christian Vallar, doyen de la faculté de droit qui figure parmi les premiers chercheurs sur le terrorisme et l’islamisme dresse un constat similaire. Hasard du déjeuner débat : Thierry Wolton qui assume d’être un « anti-communiste depuis une quarantaine d’années » a pour voisin de table… un communiste ! « depuis 48 ans et le revendique ! » . I
l s’agit de notre confrère Jean-François Téaldi, ex Rédacteur en chef à France Trois Méditerranée qui prépare un ouvrage sur son expérience à la télévision.

Thierry Wolton : « vous avez trouvé un communiste. Il y en a encore !! »  Rires.  La discussion, très vive, demeure cordiale. Les deux journalistes sympathisent !! Jean-François Téaldi ne nie pas les crimes commis par les régimes totalitaires de l’Est . « Pour nous tout ce qui s’est passé dans tous les pays de l’est ce n’est pas du communisme ! ». Thierry Wolton : « C’est une vision « Poncepilatienne ! ».

 

«  La lutte des classes un effet meurtrier»

« La phrase la plus criminelle de l’histoire est celle inventée par Karl Marx disant : La lutte des classes est le moteur de l’histoire », martèle Thierry Wolton « Au nom de la lutte des classes, des dizaines de millions de personnes sont mortes. Les pays communistes n’ont fonctionné qu’en termes de lutte des classes », constate-t-il . Le journaliste-historien rappelle que, jeune journaliste (à Libération, puis au Point), il a pu aller « derrière le rideau de fer » :

« À 25 ans, j’ai pu rencontrer (les dissidents) Vaclav Havel, Adam Michnik, Andreï Sakharov. J’ai eu une grande chance, c’était extraordinaire. Vous rencontrez des gens qui ont compris le système, vous le racontent et vous donnent les clés pour le comprendre ».

 

Thierry Wolton : « je ne crois pas à l’égalité ».

Quand un confrère rétorque, à propos de cette idéologie que tout en étant meurtrière, elle a représentée également l’espoir d’un monde meilleur pour des millions de personnes. Thierry Wolton assure :

« Je ne crois pas à l’égalité. Nous ne sommes pas égaux, ce qui fait notre richesse, c’est la diversité. Le ver était dans le fruit ». L’auteur s’en prend non seulement à l’idéologie communiste mais au marxisme. « Ni Marx ni Engels ne sauraient être tenus pour responsables de l’usage qui a été fait de leur théorie après leur mort. Peut-on pour autant les exonérer de ce qui advint par la suite en leur nom ? Apparemment, non », affirme-t- il, comme il l’écrit dans le tome 1.

Thierry Wolton évoque le tome 2 . Le chapitre « Les affamés » dresse une synthèse implacable des grandes famines en Union soviétique, en Chine, Corée du Nord mais aussi au Cambodge sous les Khmers rouges, ou dans des pays africains dirigés par des régimes marxistes-léninistes dans les années 1970.

Le chapitre (comme la plupart des autres) fourmille de témoignages bouleversants. Concernant la famine :

« On s’aperçoit que ça fonctionnait exactement de la même façon partout », souligne Thierry Wolton. Il rappelle quelques faits historiques, longtemps occultés. Il évoque avec brio la révolution d’octobre qui s’apparente davantage à un coup d’État qu’à une révolution populaire. Après Soljenitsyne, il confirme que le goulag n’est pas une invention de Staline mais de Lénine.

Signe de détente à la fin du déjeuner débat : l’anticommuniste Wolton et le communiste Téaldi ont promis de se revoir, amicalement.

Paul Barelli.

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