Journalistes : l’éthique, arme contre le terrorisme

CPM06 3 novembre 2020 0

Le Club de la Presse Méditerranée 06 s’associe au choix éthique de Nice-Matin de ne publier ni les photos du terroriste ni celles du corps des victimes. Des images de l’attaque à la basilique Notre Dame ont été relayées par des réseaux sociaux alimentés par les islamistes radicaux. Les terroristes sont passés maîtres dans l’utilisation de la Toile : ils recrutent par internet qui leur sert de porte-voix.

Le 14 juillet 2016, la publication des photos des victimes de la Promenade des Anglais et celle du terroriste au volant du camion fou qui a tué 86 personnes et blessé des centaines de personnes avait choqué.

Depuis, les rédactions des chaines d’info continues ont  tiré les enseignements des dérapages médiatiques lors de la couverture des attentats de janvier 2015. ll subsiste un recours, parfois outrancier, au sensationnalisme émotionnel mais une certaine prudence s’est instaurée.

Les problèmes éthiques que pose aux journalistes le traitement du terrorisme. Tel était le thème d’un premier colloque sur le djihadisme que le Club de la Presse 06 avait organisé, quelques semaines avant l’attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 qui a fait 12 morts.

En partenariat avec l’Université Côte d’Azur, le CPM06 a organisé en 2015 trois autres colloques sur le retour des djihadistes en France. De nombreux experts,  chercheurs, éducateurs, spécialistes des services de renseignement, représentants des diverses religions ont dressé un bilan inquiétant, déjà en 2015, de la progression de l’islamisme radical sur notre territoire et dans toute la planète.

Dans ce contexte de prolifération du cancer islamiste, et l’attentat de Vienne s’ajoute à la liste,  Nice-Matin et d’autres medias ont décidé de ne pas montrer le visage de l’assaillant de la basilique Notre Dame à Nice : «  Il est hors de question de prendre le moindre risque, écrit Denis Carreaux, directeur des rédactions  du groupe Nice Matin,  de faire du bourreau de Notre-Dame un héros de la cause islamique et de se rendre complices à nos dépens d’une forme de glorification médiatique malsaine ».

D’aucuns s’étonnent que des terroristes passent « les mailles du filet ». Il est toujours facile de s’en prendre à l’efficacité  de l’appareil sécuritaire de notre pays. Mais les services de renseignement français sont très actifs, déjouant un attentat par mois comme l’a indiqué Jean Castex, le Premier ministre. Un expert soupire : « Désormais le terroriste, cela peut être votre voisin de palier ! »  Nos services secrets, qui agissent à l’intérieur (la DGSI) et à l’extérieur (la DGSE) ont vu leurs moyens considérablement accrus ces dernières années. Mais l’hydre islamiste est coriace.

Prés de 400 terroristes neutralisés en une année par les services secrets français

François Hollande en 2016 avait révélé à deux journalistes du Monde avoir ordonné des exécutions ciblées d’ennemis de la France hors du cadre légal. « J’en ai décidé quatre au moins », avait-t-il confié, provoquant un tollé parmi  les responsables des services spéciaux.

En réalité, la traque des  terroristes a pris une ampleur considérable. Le Club de la  Presse 06 est en mesure de révéler que près de 400 terroristes,  ennemis de notre pays, ont été neutralisés à l’étranger par la DGSE et les forces spéciales en une seule année , selon une source sûre qui se refuse à préciser les dates au nom du secret défense. 

Dès lors, dans cette guerre de l’ombre contre le terrorisme, les  journalistes doivent se cantonner à leur rôle : informer, en respectant l’éthique sans divulguer des informations susceptibles de nuire au déroulement d’une enquête. Un exercice délicat dans le contexte de déferlement des fake news. « Préserver l’éthique c’est défendre la liberté de la presse, son indépendance », précisait en  mars 1944 le Conseil national de la Résistance. 76 ans après, c’est toujours vrai !

Paul Barelli

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